Pesé. Emballé. Envoyé. Il aura fallu 12 petites minutes à l’Allemagne pour obtenir son ticket pour les quarts de finale. Opposée à la Suède, équipe robuste à défaut d’être géniale, la Mannschaft a fait étalage de tout son talent. Et quel talent ! Déjà bien mise en place au premier tour par Jürgen Klinsmann, 3 matches et 3 victoires, l’équipe allemande attaquait, mais pas n’importe comment, dès les premières minutes du match. Quatrième minute, la balle arrive simplement dans les pieds de Ballack, passe précise pour Klose qui se joue de deux défenseurs, entre dans le rectangle frappe détournée dans les pieds du Podolski, 20 ans, qui ouvre la marque. Superbe. Huit minutes plus tard, Klose, qui peut aussi faire autre chose que marquer, isole le même Podolski qui, du gauche, y va de son deuxième but.
Et la Suède constate les dégâts. Elle ne peut se relever face à tant de précision et de jeu positif. Ibrahimovic et Larsson, pas des débutants non plus, tenteront bien quelque chose. Mais juste pour dire. Entre-temps, l’Allemagne aurait pu alourdir la marque par Ballack, sur une frappe à distance, évidemment, ou par Klose, d’un tir vicieux dans le petit rectangle. Mais le gardien suédois, Isaksson, évitait l’humiliation. Lucic, vera le rouge quand à la 35e, il reçoit sa deuxième carte jaune pour une faute d’antijeu bien inutile sur Klose. A 11 contre 11 ce n’était déjà pas facile mais à 10…
La seconde période pouvait difficilement offrir la même qualité de jeu. Déjà trop faible à 11, la Suède n’avait pas les moyens de contrer l’Allemagne. En plus, quand on gaspille un penalty à la 52e…
Ballack généreux en diable devant le but suédois, tentait bien d’inscrire son but mais ses frappes étaient repoussées par Isaksson, une jambe et un poteau. A la 72e débutait la valse des changements, diminuant encore l’intensité d’un match que tout le monde sur la pelouse à Munich savait terminé depuis longtemps. Comme les 3 millions de supporters qui venaient de se donner rendez-vous à Berlin. Onze Allemands auront fait la fête sur le terrain, des millions d’autres dans les rues… La Suède, spectatrice, applaudit.
REACTIONSLukas Podolski (attaquant de l'Allemagne, auteur d'un doublé): "La Suède a fait un bon match mais on mérite de gagner. Les deux buts font plaisir, mais c'est surtout important pour l'équipe. (Miroslav) Klose a fait un grand match, je lui dois mes deux buts. On s'est trouvé les yeux fermés et notre complémentarité s'améliore de match en match".
Lars Lagerbäck (sélectionneur de la Suède): "Je ne veux pas trop parler de l'arbitrage mais je ne suis pas content. Il me semble que l'arbitre a eu une influence sur le match. L'exclusion de Lucic, je suis sceptique. J'ai vu des choses bien plus graves durant ce match. Battre l'Allemagne à 11, alors à 10... Mais bon, c'est le football. Le départ en trombe de l'Allemagne nous a mis en difficulté. On sait que dans un match à élimination directe, c'est souvent handicapant de prendre un mauvais départ. Nous étions très passifs sur les deux buts. Avec de la concentration, nous aurions pu et dû éviter ces buts. L'exclusion de Lucic et le penalty raté par Larsson ont été les deux autres moments clés du match. Le ballon n'a pas roulé pour nous à ces moments-là. En deuxième période, nous avons prouvé que nous étions capable de nous hisser au niveau de nos adversaires. Je félicite l'Allemagne qui a fait un grand match. Je salue l'excellent travail effectué par Monsieur Klinsmann. Je pense qu'ils ont une bonne chance d'aller loin dans ce tournoi".
Jürgen Klinsmann (sélectionneur de l'Allemagne): "Je suis plus que satisfait et je suis terriblement fier de mon équipe, du soutien extraordinaire des supporteurs. J'ai appris de ce match que nous sommes capables de jouer très vite et que notre jeu sans ballon s'améliore sans cesse. Notre première mi-temps fut exceptionnelle au niveau de la qualité technique. Je ne peux pas me souvenir quand une équipe d'Allemagne a aussi bien joué pendant la première demi-heure. La façon dont on a débuté la match, ce fut brillant. Deux buts, du rythme, beaucoup d'occasions: il y avait tout. On a connu immédiatement une belle réussite et cela a forcément brisé le rythme de la Suède. Le penalty raté de Larsson est évidemment un tournant. Curieusement, nous nous sommes un peu désorganisés quand la Suède s'est retrouvée à dix. On s'est un peu déconcentré, je ne comprends pas pourquoi. Physiquement, on est bien. Tout le monde est en forme alors que l'on travaille déjà depuis six semaines. (Sur les performances individuelles) Lukas Podolski inscrit deux buts. C'est un attaquant. Il a fait son boulot et ce que l'on attend de lui. Il a trouvé son rythme sur ce Mondial, bien soutenu par Miroslav Klose qui est lui à maturité. Il avait déjà fait un excellent Mondial-2002. Mais il est devenu un joueur plus complet. Quant à Christoph Metzelder, il est vraiment devenu le grand patron de la défense. (Sur le quart de finale) Maintenant on va affronter l'Argentine ou le Mexique, deux grandes équipes. On les avait affrontées lors de la Coupe des Confédérations, avec un match nul contre l'Argentine et une victoire difficile contre le Mexique dans les dernières minutes. Cela signifie qu'il faut s'attendre à un match difficile. Mais je ne serais pas satisfait de m'arrêter en quart de finale. Nous sommes le pays organisateur. Il faut aller loin.".